A propos de l'oeuvre
Au salon de la rue des Moulins – Toulouse-Lautrec réinventé par Françoise Leblond
Dans un jeu subtil entre hommage et métamorphose, Françoise Leblond revisite Au salon de la rue des Moulins de Toulouse-Lautrec avec une liberté malicieuse. Là où le peintre saisissait l’attente mélancolique des courtisanes, elle insuffle une nouvelle énergie à la scène en la peuplant de félins anthropomorphes, figures énigmatiques aux regards pénétrants.
Loin d’une simple transposition, son geste artistique devient un dialogue avec l’œuvre originelle. Sous ses pinceaux, les visages se parent d’un mystère animal, sans perdre leur humanité profonde. La lumière tamisée, les teintes chaudes et le velours des regards résonnent avec l’atmosphère feutrée du salon, restituant cette attente empreinte de nonchalance et de fatalisme.
Mais ici, le bestiaire poétique de l’artiste n’est ni caricature ni facétie. Ces félins-humains portent en eux toute l’ambivalence des existences suspendues : désir, lassitude, résignation, force contenue. Ils deviennent miroirs de notre propre condition, capturant l’essence du regard que Lautrec posait sur ses modèles – sans fard, mais avec une tendre lucidité.
Avec cette relecture singulière, Françoise Leblond prolonge le dialogue entre passé et présent. Son art, à la croisée du réalisme et du songe, nous rappelle que la peinture est un territoire de liberté où chaque époque peut réécrire ses mythes.